Par Matthieu Glachant (économiste de l’environnement et professeur à Mines ParisTech).
La subvention environnementale est un instrument délicat à manier qui peut paradoxalement augmenter la pollution, car la subvention par l’État de produits moins néfastes pour l’environnement revient à dépenser de l’argent public pour des produits qui polluent quand même !
Ainsi, à titre d’exemple, une étude très sérieuse de Xavier D’Haultfoeuille, Pauline Givord et Xavier Boutin parue dans « The Economic Journal » montre que la mise en place du système de bonus-malus automobile a en fait augmenté les émissions de carbone des véhicules particuliers de 1,2 % en quelques mois par rapport au scénario de référence sans bonus-malus. Elles auraient même augmenté de plus de 9 % à long terme si le système n’avait pas été réformé.
Nous vivons dans un pays qui tend à juger l’ambition d’une politique publique à l’aune de la somme d’argent public qui y est consacré. Cette posture est dangereuse pour l’environnement car des subventions mal conçues peuvent avoir un effet inverse de celui attendu.
Il ne s’agit pas ici de disqualifier totalement la subvention environnementale mais de l’utiliser avec précaution et dans des domaines, tel le soutien à l’innovation, dans lesquels ses effets pervers sont limités.